Le bleu entre le Ciel et la mer
Suzan Abulhawa
Le titre est « délicat », pourtant l’histoire est rude… et, malgré tout, la poésie est là, à chaque page…
Suzan Abulhawa, est née dans un camp de réfugiés palestiniens…c’est sans doute pour ça qu’elle peut raconter cette histoire comme elle la raconte… Disant d’une manière magnifiquement terrible l’histoire de la famille Baraka qui vit à Beit Daras un village paisible de Palestine entouré d’oliveraies. Nous sommes en 1947 et les troupes israéliennes se regroupent autour du village mis à feu et à sang… Une histoire de guerre, d’exil, de déracinement et d’amour. Mais aussi et surtout, une histoire de femmes, noyau actif d’une résistance à leur manière, faite d’actes rebelles, de croyances improbables et d’une incroyable capacité de vivre le plus terrible dans une sorte de poésie naturelle…
Ce roman nous rappelle pour si peu qu’on veuille entendre, que de « l’Autre Côté » vivent aussi des êtres humains… Et que cette histoire-là, hélas ! n’est pas finie…
Quelques citations pour ressusciter la force de ce roman bouleversant :
Ils déracinèrent des chansons indigènes et plantèrent des mensonges dans la terre pour cultiver une nouvelle histoire.
L'ironie était pourtant que sa vie reflétait la vérité la plus élémentaire sur ce que c'est que d'être palestinien - dépossédé, déshérité et exilé. Une existence de solitude absolue, sans famille, ni clan, ni terre, ni pays, signifie qu'il faut vivre à la merci des autres
La vie avait creusé en elle des trous et des tunnels,
et laissée un immense silence hérissé de dents et de griffes
qui la déchiraient de l'intérieur.
Mariam rangea ses affaires dans son écritoire, en reprenant l’étrange ritournelle que Nazmiyé l’avait déjà entendue chanter.
Oh, trouve-moi
Je serai dans ce bleu
Entre le ciel et la mer
Où se concentre désormais le temps
Et nous sommes l’éternité
Qui s’écroule comme la rivière.
J'étais là avec les femmes de ma vie.
J'étais au milieu des couleurs.
Dans les violets, les magentas,
Les corail d'un soleil las.
dans le bleu entre le soleil et la mer.
J’étais là, spectateur. Leurs conversations et leurs rires ancraient solidement le lieu, enfonçaient le rivage sous les eaux, suspendaient le ciel et y accrochaient les étoiles, la lune et le soleil. Tout cela se passait à Gaza. En Palestine.