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Ecrits du temps de guerre  -  par Claude

Grande Guerre, celle de l’Union sacrée, vaste boucherie, Deuxième Guerre mondiale et ses atrocités en tous genres, guerres civiles, guerres coloniales, le XXème siècle a fait fort. Quant au XXIème…

 Saurez vous reconnaître les auteurs et les titres des douze extraits des romans souvent autobiographiques mais pas que… qui vous sont proposés ? Attention il y a un intrus dans la liste ci-dessous (auteurs et titres)

Claude

Curzio MALAPARTE, « Kaputt » ; Jean GIONO, « Le grand troupeau » ; Antoine de SAINT-EXUPERY, « Pilote de guerre » ; Michaël HERR, « Putain de mort » ; Ernst Jünger, « Orages d’acier » ; Pierre LEMAITRE, « Au revoir là-haut » ;

Robert MERLE, « Week end à Zuydcoote ; Erich Maria REMARQUE, «A l’ouest rien de nouveau » ; Boris PASTERNAK, « Le docteur Jivago » ; Ernest HEMINGWAY, « L’adieu aux armes » ;

Georges BERNANOS, « Les grands cimetières sous la lune » ; Roland DORGELES, « Les croix de bois » ; Gabriel CHEVALLIER, « La peur » 

1-« Il a fallu la guerre pour nous apprendre que nous étions heureux. Oui, il a fallu connaître la misère. Avant nous ne savions pas, nous étions des ingrats...
Maintenant, nous savourons la moindre joie, ainsi qu'un dessert dont on est prive. Le bonheur partout: c’est le gourbi ou il ne pleut pas, une soupe bien chaude, la litière de paille sale ou l'on se couche, l'histoire drôle qu'un copain raconte une nuit sans corvée...
Le bonheur? Mais cela tient dans les deux pages d'une lettre de chez soi, dans un fond de quart de rhum. »

2-« La vapeur pesait sur la vallée et tout fumait, tout s’étirait en colonnes de fumée, la fumée des locomotives dans la gare, la buée grise des prairies, les montagnes grises, les forêts sombres, les nuages sombres.

Le tsar inspectait les troupes de Galicie. On apprit soudain qu’il venait passer en revue l’unité cantonnée dans la vallée dont il était le commandant d’honneur. »

3-« Ne réveillez pas les gosses, à quoi bon ? Vous me menez en prison, n’est-ce pas, señor ? –Perfectamente », répond le tueur, qui, parfois n’a pas vingt ans. Puis c’est l’escalade du camion, où l’on retrouve deux ou trois camarades, aussi sombres, aussi résignés, le regard vague…Hombre ! »

4-« Quant à nous, nous sommes maigres et affamés. Notre nourriture est si mauvaise et faite de tant de succédanés que nous en devenons malades. Les industriels, en Allemagne, se sont enrichis, tandis que nous, la dysenterie nous brûle les intestins. Les feuillées sont toujours pleines de clients accroupis. On devrait montrer aux gens de l'arrière ces figures terreuses, jaunes, misérables et résignées, ces corps courbés en deux, dont la colique épuise douloureusement le sang et qui, tout au plus, sont capables de se regarder en ricanant et de dire avec des lèvres crispées, et frémissantes encore de douleur : « Il est inutile de se reculotter… »

5-« La nuit fraîchissait. Des brancardiers arrivaient sans cesse. Ils posaient leurs brancards par terre, les déchargeaient et repartaient. Dès que je fus arrivé au poste de secours Manera ramena un sergent-infirmier qui me banda les deux jambes. Il me dit que, grâce à la terre qui recouvrait les plaies, l’hémorragie avait été insignifiante. »

6-« A quelques mètres devant lui, il vit un civil traverser les files de  tommies. Il était petit avec une barbiche, et malgré la chaleur, il portait un imperméable. On sentait qu’il devait être décoré sous son imperméable. Il marchait avec une fermeté rageuse, comme s’il avait décidé, une fois pour toutes, de ne jamais mourir. C’était un petit vieux tout seul sur une plage au milieu des soldats. »

7-« Pendant que l’ouragan se déchaînait autour de nous, je passai en revue le secteur de ma section. Les hommes avaient mis baïonnette au canon. Ils se tenaient debout, immobiles comme des statues, sur la pente avant du chemin creux, et scrutaient les approches. De temps à autre, à la lueur d’une fusée, je voyais des casques d’acier serrés l’un contre l’autre, les baïonnettes briller, lame contre lame, et sentais monter en moi la conscience d’être invulnérable. On pouvait nous écraser, pas nous vaincre. »

8-« Suivait le catalogue des œuvres vues de face, de profil ou en perspective, avec les cotes détaillées, hauteur, largeur, et toutes les combinaisons possibles : Départ  pour le combat, A l’attaque ! Debout les morts ! Poilu mourant en défendant le drapeau, Camarades de combat, France pleurant ses Héros, Coq foulant un casque boche, Victoire !, etc. »

9-« Après neuf mois de guerre, nous n’avons pas encore réussi à faire adapter, par les industries dont elles dépendent, les mitrailleuses et les commandes au climat de la haute altitude. Et ce n’est pas à l’incurie des hommes que nous nous heurtons. Les hommes, pour la plupart, sont honnêtes et consciencieux. Leur inertie, presque toujours, est un effet, et non une cause, de leur inefficacité.

L’inefficacité pèse sur nous tous comme une fatalité. Elle pèse sur les fantassins armés de baïonnettes face à des tanks. »

10-« Une fois j’ai cru voir une lueur bouger dans la jungle et je me suis surpris à presque murmurer : « Je ne suis pas prêt à ça, je ne suis pas prêt à ça. » C’est là que j’ai décidé de laisser tomber et de faire autre chose de mes nuits. Et je n’allais pas aussi loin que ceux qui tendaient des embuscades ou que les Lurps, les patrouilles de reconnaissance en profondeur, qui sortaient toutes les nuits pendant des semaines et des mois, allaient ramper près des camps de base VC ou le long des colonnes des Nord-Vietnamiens. Déjà je vivais trop près de mes os, je n’avais plus qu’à l’accepter. En tout cas je gardais les pilules pour plus tard, pour Saigon et la déprime horrible que j’y trouvais chaque fois. »

 11- « Nous descendîmes de voiture et nous nous approchâmes du soldat qui était là, debout, immobile, le bras droit tendu pour nous montrer la route. Il était mort. Il avait les yeux hagards, la bouche entrouverte. C'était un soldat russe mort (...).
- Quand vous les amenez là sur place, ils sont vivants ou morts ?
- Vivants, naturellement ! répondit Schultz.
- Ensuite, ils meurent de froid, naturellement ? Dis-je alors.
- Nein, nein, ils ne meurent pas de froid : regardez là. Et Schultz me montra un caillot de sang, grumeau de glace rougie, sur la tempe du mort. »

12-« Dans toute l’Europe, depuis les bords de l’Asie, des armées, assurées de combattre pour une bonne cause et de vaincre, sont en route avec l’impatience de se mesurer avec l’ennemi.

Qui a peur ? Personne ! Personne encore…

Vingt millions d’hommes, que cinquante millions de femmes ont couverts de fleurs et de baisers, se hâtent vers la gloire, avec des chansons nationales qu’ils chantent à pleins poumons.

Publié le 20/04/2020 13:48   Tous les billets  Haut


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