Mais, que nous arrive-t-il ?
Nous sommes tous suspendus, en ce
moment, aux déclarations, analyses et décisions qui alourdissent tous les jours
un peu plus notre cerveau, nos tripes et donc notre quotidien. Dans cette drôle
d’histoire pas drôle du tout, pas une de ces nouvelles journalières que nous
traquons pourtant, ne nous réjouit.
Elles nous heurtent. Elles nous
blessent.
D'aucuns, dont nos politiques, disent
que c’est la guerre ! Je ne veux pas épuiser mon moral qui a déjà fort à
faire, en leur contestant cette déclaration.
D'autant que ….
Comme pendant la guerre...(que je n’ai
pas vécue !) Il semble malgré tout qu’il y ait des similitudes :
Renoncer à aller travailler, renoncer à enseigner, renoncer à s’éloigner de son
domicile, renoncer même à se soigner ; renoncer encore aux rencontres du
matin à l’heure du boulanger, aux sourires en blaguant sur la place du marché,
aux bonjours affectueux qui claquent les bises, aux visites à nos aînés et aux
personnes en situation de handicap, nous devons renoncer aussi au bonheur
d’accueillir nos "pitchons", aux prochaines vacances scolaires et… et…Et les
renoncements s’ajoutent aux renoncements.
Nous devons oublier le plaisir des
balades dominicales pour s’asperger de soleil, les séances de cinéma, les
échanges sur le déroulement des municipales, sur la santé du voisin ; les
rencontres avec Jm Lire sur le dernier livre lu, mais aussi les discussions sur
la valeur des semences car le temps du « potager » approche, les
regroupements pour le comptage des oiseaux en pleine migration, les réunions de
famille pour l’anniversaire du papé ou du petit dernier, et j’en passe !
Comme pendant la guerre nous devons
limiter nos sorties à l’essentiel, faire nos courses alimentaires sans carte de
rationnement certes, mais… à la queue leu leu, loin du précédent et loin du
suivant, en se contentant d’ersatz la plupart du temps car, comme pendant la
guerre, il y a ceux que j’appellerai les Egarés, qui ont pris d’assaut les
rayons de pâtes, de biscottes, de riz, d’huile et de papier hygiénique !
Là aussi j’en passe !
Comme pendant la guerre, (puisqu'on ne l'a pas connue...on imagine
en effet que ça pouvait être ainsi !) une menace plane sur nous tous, une
menace pernicieuse qui se dissimule dans le printemps qui vient, dans les
moments de communion fraternelle, dans les éclats de plaisirs les plus
innocents, les plus solidaires aussi. Une menace qui peut nous choisir, nous
surprendre et nous conduire vers le Coquelque chose (Celui dont on ne prononce pas
le nom, comme dans Harry Potter !)
D'aucuns, -mais est-ce bien le
moment- s’écrient que c’est honteux de comparer la situation à une guerre, et
clament scandalisés : « Qu’ils aillent en parler de la guerre avec ceux
qui la vivent en Syrie ! » Mouais…
Je ne sais pas vous, mais en ce
moment les Yaka me fatiguent plus que d’habitude ; et ce n’est
certainement pas très gentil de ma part car… Ces gens-là pensent certainement
aux migrants. Nous le savons tous, la guerre provoque l’exode.
Mais... Fort heureusement ! Chez
nous, ce n’est pas la guerre ! Nous ne sommes pas en Syrie que
diable !
Pourtant… L’autre jour, n’ai-je pas
entendu qu’une foule apeurée a bravé consignes, police et promiscuité infectieuse, a envahi les gares sans précaution de distanciation, a fui la menace Coquelque
chose de la capitale pour se confiner dans nos îles, nos montagnes et nos
plages… oubliant, nécessité oblige, le cocorico matinal des coqs et le
tintement trop bruyant des cloches de nos villages qui les avaient obligés à
déposer plainte.
Mais … ne soyons pas mesquins ! Nous,
qui avons le privilège indécent d’être confinés dans nos bourgades de campagnes,
déserts médicaux, commerciaux, culturels, et plus encore...
Non… ne soyons pas mesquins !
Puisque Bienheureux nous sommes, sur nos îles, nos plages, nos montagnes,
puisque Bienheureux nous sommes dans nos forêts, nos vergers et nos potagers. Aujourd’hui, nous, les confinés privilégiés, ne soyons pas mesquins !
Laissons venir les migrants en détresse,
laissons-les venir s’abriter, fuir la promiscuité, la maladie et la peur…
Ouvrons-leur toutes nos résidences
secondaires inhabitées !!
Allons bon ! Ce n’est plus
possible ? C’est trop tard ? Elles ne sont plus disponibles ? Déjà ?
Bien sûr. Et oui. Maintenant les gares sont fermées ! Soyons disciplinés. Protégeons-nous.
Il y a des endroits où... Coquelque chose se marre … Et moi, je
ne sais toujours pas si nous sommes en guerre. Oui ou non ?