Non, les jours ne se ressemblent pas
tout à fait…
… Mais ce n’est pas enthousiasmant
pour autant. La pluie est arrivée nous confinant plus encore. Plantée devant la
fenêtre - Tiens mes vitres auraient bien besoin d’un nettoyage- j’ai comme l’impression
que tout s’éteint : le ciel, la chaleur, la croissance des orchidées, et…
ma soif de vie.
Nous devenons hargneux car l’Autre
n’entend pas nos nuits d’insomnie.
Nous taisons nos douleurs
articulaires pour ne pas devenir l’hypocondriaque de service qui tue les
espoirs de balades.
Nous étouffons la jalousie qui nous
ronge quand passent, sur la petite route, les cyclistes heureux et bavards peu
soucieux du confinement, notre petite route que nous arpentons sagement dans un
sens ou dans l’autre pour nous aérer et dégourdir nos vieilles jambes.
Et c’est la rage qui nous étouffe
quand, dans le petit bois tout près de chez nous, notre petit bois, nous
tombons nez à nez avec deux chasseurs provocateurs, :
- Nous avons une attestation de
chasse à la palombe !
Nous prendraient-ils pour des
imbéciles ?
Derrière le pare-brise de leur
rutilant Peugeot 4X4, immatriculé dans le 33, probablement une coïncidence, se
chevauchent une collection de feuilles, bien en vue, attestant que… Nous sommes
bien des imbéciles !
Car si je me promène, incognito et
sans attestation dans le petit bois derrière chez moi, ces grands amis de la
nature, tout à notre service, peuvent traquer les nuisibles envahissants et
destructeurs dont fait partie notre douce palombe roucoulante, autrement dit un
pigeon ramier qui a la mauvaise habitude d’inonder de ses fientes les
résidences urbaines !
Ouf ! je l’ai échappé
belle !
Moi qui cheminais sans fusil, en
quête du coucou qui donnait un concert jusque dans mon jardin ;
Moi confiné propagateur de virus,
nuisible et irresponsable ;Moi, qui n’allais pas jusqu’à déposer
mes fientes comme la paisible palombe mais qui m’égarais, comme elle… Sans
attestation !Comme vous
l’imaginez… J’ai vite repris en sens inverse mon chemin de confiné indiscipliné.
Deux coups
de feu ont violenté mes oreilles mon cœur et… mes boyaux.
J’ai couru.
Ouf !
Quelle chance !
A moins que
cela ne soit, conceptuellement, une aberration…
Quelle chance que l’espèce humaine n’apparaisse pas
dans la fameuse liste officielle de nuisibles… à réguler !.